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Le législateur a oublié de se poser la question du statut du malade psychique chronique et complexe. Je suis diagnostiqué bipolaire depuis 25 ans (à l’époque on parlait toujours de maniaco-dépression). Depuis cette époque, je suis suivi mensuellement par un psychiatre et malgré les soins et la prise régulière et minutieuse des médicaments, les épisodes dépressifs persistent et, ce,  malgré de multiples changements du traitement évoluant avec les nouvelles molécules mises sur le marché. Les épisodes maniaques sont eux relativement bien maitrisés par les neuroleptiques. En 1994, lors d’une rechute, je suis convoqué chez le médecin conseil de la mutuelle et la surprise est grande, car il me dit « cela fait maintenant quelques années que vous tombez malade pour dépression, il faut maintenant choisir, soit vous travaillez soit vous êtes malade!». Je suis accompagné par mon épouse car je suis si mal en point que je ne sais pas me déplacer seul. Comme j’avais déjà, lors d’une précédente dépression, écopé d’une suspension de 20 semaines de chômage, occasionnée par un préavis pour faute grave infligé par la déclaration mensongère d’un employeur pour le moins indélicat, c’est depuis ce moment que je ne travaille plus. Je trouve dommage de ne pouvoir travailler, non pas pour le plaisir, mais pour ne pas être à charge de la communauté. Pendant 9 ans je travaillais pendant les périodes de rémission, je n’étais plus aussi performant qu’avant mais les employeurs successifs étaient satisfait de mes prestations. Évidemment les réglementations n’étant pas adaptées,  ils devaient payer chaque fois le salaire garanti -ce qui explique que j’ai multiplié les postes, car presque systématiquement je recevais mon préavis. Un véritable statut spécifique des malades psychiques et complexes pourrait éviter de pareilles mésaventures.  En effet, les complications administratives actuelles ne facilitent pas les alternances « contrat de travail » et « périodes de maladie à charge de l’inami et de l’invalidité reconnue de la Vierge Noire ». N’est-il pas possible d’imaginer un statut prévoyant le passage des périodes de travail aux périodes de maladie avec plus de facilités administratives. A l’heure de l’informatique,  je pense que cela doit être possible.  

Jean-Paul NOEL