Lettre à ma bipolarité
Chère bipolarité, je ne t’ai pas toujours aimée.
Dans un premier temps, tu m’as tellement fait souffrir
que j’ai choisi de faire comme si tu n’existais pas.
Tu m’as ridiculisée, humiliée, isolée des autres.
En résumé, tu m’as fait perdre la tête
et sans rien comprendre,
tu m’as laissée seule avec ma peine.
Chère bipolarité, à un moment,
j’ai bien été obligée d’admettre que tu étais là.
L’acceptation était dans un premier temps timide.
Je devais faire en sorte de réparer
comme je pouvais les nombreux dégâts
que tu avais occasionnés.
Je ne m’en sortais pas
tellement le chantier était vaste.
Chère bipolarité, j’ai compris petit à petit ton fonctionnement.
Une amie m’a dit un jour que si je perdais la tête,
c’est parce que les événements dans ma vie
étaient trop difficiles à porter.
Violence infantile, dépression postpartum, viol,
harcèlement professionnel, licenciement.
J’ai fait ce que j’ai pu avec les moyens du bord.
Chère bipolarité, je vois à présent ta raison d’être.
Tu as chamboulé ma vie
pour mieux la remettre en place.
Par un travail acharné sur moi-même,
tu as fait ressortir mes qualités utiles au monde.
Je suis sensible, créative, volontaire.
Ma résilience fait de moi quelqu’un d’unique.
Chère bipolarité, je te considère aujourd’hui
comme une force.
Mes épreuves de vie m’ont menée où j’ai choisi d’aller.
Aider les autres en tant qu’experte du vécu.
Militer en vue de faire changer les esprits obtus.
Pour la première fois de ma vie,
je suis bien dans ma peau et j’y vois clair.
C.H.