La Fondation vient de publier un petit document « Zoom : la vulnérabilité psychique comme force«
Elle fait un point sur la réforme des soins de santé mentale – entamée
en 2010 qui a crée les réseaux dits « 107 ».
Sur papier, cela semble avoir porté ses fruits. Le nombre de patients pris en charge à domicile par des équipes mobiles a augmenté et les hospitalisations ont diminué. De nombreuses bonnes pratiques de collaboration autour du patient et au bénéfice de celui-ci ont été identifiés.
Les principaux bémols sont les moyens financiers insuffisants, ce qui impacte la qualité des soins ambulatoires, et des délais de prise en charge anormalement longs, dus notamment au manque de psychiatres (au dernier comptage, ils n’étaient que 1.958 pour l’ensemble du pays).
Les soins orientés vers le rétablissement constituent le principe directeur de cette réforme. On veut concrétiser ce principe par des soins intégrés selon les besoins réels des usagers, une diversification du soutien ambulatoire et une meilleure harmonisation de l’offre.
Curieusement, le document de guide pour la réalisation de circuits et de réseaux de soins de 2010 ne mentionne par le terme « rétablissement »!
La Fondation constate que le chemin est long et la transposition du concept de rétablissement dans les pratiques encore trop lente, malgré que la réforme s’est déployée il y a 10 ans déjà.
Le rétablissement n’est pas encore une orientation de travail bien ancrée, mais elle progresse, tant au niveau politique que sur le terrain avec davantage de pratiques et d’initiatives. Le changement se heurte encore à certains obstacles.
5 obstacles majeurs sont pointés . Parmi ceux-ci, la place des experts du vécu et des pairs-aidants.
Le rôle complexe des experts du vécu est reconnu, mais il n’a pas encore été suffisamment décrit.Leurs connaissances complètent les connaissances des professionnels ;
La conclusion?
Il faudra travailler davantage sur la focalisation sur le rétablissement, les experts du vécu, les contacts des usagers, la participation…
Des propositions ont été formulées en ce sens dans un rapport universitaire en … 2015!!!
Les modèles de référence suggèrent que les équipes de soins doivent être pluridisciplinaires et conseillent qu’elles incluent un « expert d’expérience » (ou pair aidant).
Mais la manière dont les équipes mobiles fonctionnent chez nous semblent ne pas toujours être en phase.
La fidélité de ces équipes aux modèles existant dans d’autres pays et relevés comme des standards dans la littérature scientifique, le modèle des Crisis Resolution Teams (CRT) pour les EM2a et le modèle Assertive Community Treatment (ACT) pour les EM2b, est relative. Si l’on observe bien une adhésion forte à certaines caractéristiques (définition de critères d’inclusion, multidisciplinarité des équipes…), d’autres s’éloignent de ces modèles. […]
Troisièmement, la participation d’experts d’expérience (pairs aidants) reste relativement marginale pour l’ensemble des services ambulatoires mobiles. C’est également une pratique qui pourrait être amenée à se développer.
Le rapport constate que la présence d’experts d’expérience dans ces équipes reste marginale, et plus courante dans les équipes à caractère assertif que dans les équipes de crise. Les services ambulatoires mobiles sont pluridisciplinaires. Le concept d’y associer des experts d’expérience est en développement.
On semble avoir fait peu de chemin depuis 2015 sur ce plan.